La représentation des femmes dans les jeux vidéo
Beaucoup de progrès ont été réalisés au niveau de la représentation des femmes depuis quelques années et nous commençons à nous éloigner de la représentation systématiquement hypersexualisée et parfois dégradante des femmes. Là où l’on ne pouvait par exemple nommer que Lara Croft il y a encore 10 ans, de nombreuses héroïnes féminines ont commencé à émerger ces dernières années et on note aussi que de plus en plus de jeux proposent d’incarner indifféremment un homme ou une femme. C’est le signe d’une prise de conscience des développeurs et éditeurs.
Pour permettre à cette tendance de se confirmer, nous pensons qu’il faut que l’industrie continuer à changer de l’intérieur : plus y aura de femmes à participer au développement des jeux vidéo, plus les choses évolueront dans le bon sens en matière de représentation des femmes dans les jeux.
Il faut aussi continuer à lutter contre les stéréotypes de genre qui s’installent dès le plus jeune âge et qui ne font que se renforcer avec les années. C’est l’un des rôles de l’association Women in Games.
Quelle est la part d’étudiantes parmi les élèves des écoles de jeu vidéo ?
La proportion de femmes en école de jeu vidéo est assez variable en fonction des cursus et des écoles, mais elle dépasse rarement 25% des effectifs, et est beaucoup plus faible sur certains métiers, notamment en programmation.
Le jeu vidéo est issu d’une double culture, à la fois artistique et « technologique ». Deux domaines dans lesquels les femmes ne sont pas suffisamment présentes. La création est encore largement dominée par les hommes : la mode, la littérature, le cinéma, même la BD qui est pourtant issue d’une contre-culture relativement jeune. Concernant l’aspect technologique, les choses ont au final assez peu évolué au cours des 20 dernières années en termes d’orientation post-bac et les jeunes femmes, pourtant aussi brillantes dans les matières scientifiques que les garçons, continuent de se détourner des carrières technologiques. C’est donc un vrai problème puisque dans un secteur jeune et très porteur comme le numérique, les femmes restent sous-représentées (27% des effectifs).
Cette faible representation s’explique par l’établissement des stéréotypes de genre qui s’effectuent dès le plus jeune âge ne font que se renforcer avec les années. L’un des rôles de l’association est d’aider à lutter contre cela. Nous constatons également un manque d’information sur les métiers de l’industrie ainsi que les formations liées. Nous avons compris la nécessité de s’adresser aux jeunes filles et à leurs parents pour les informer et leur rappeler que notre industrie est très dynamique en France comme à l’international, avec de vraies opportunités de carrière et des salaires compétitifs. Nous vous invitons à consulter notre page Métiers pour plus d’informations.
Nous aimerions rappeler, que passer par une école de jeu vidéo n’est pas un passage obligé pour travailler dans cette industrie. On y retrouve des personnes avec des formations très variées, et c’est aussi ce qui fait la richesse de notre secteur. Nous encourageons toutes les femmes à intégrer le secteur du jeu vidéo, que ce soit par le biais d’une école spécialisée ou d’autres formations.
Quels sont les freins à l’entrée des femmes dans ce secteur ?
Parmi les éléments qui reviennent fréquemment, on peut citer :
- la méconnaissance des métiers du jeu vidéo
- le désengagement des jeunes filles vers des carrières à connotation technologique
- le manque d’information sur les métiers et formations possible au sein de l’industrie
- l’image masculine qui est attachée au secteur
Mais il existe aussi un frein générationnel. La prochaine génération de femmes qui entrera dans la vie professionnelle, véritable génération de joueuses, va peut-être s’orienter de manière plus naturelle et massive vers notre secteur. Ce sont des points que nous tentons d’adresser avec les actions de Women in Games.
Dans l’industrie, il est souvent question de créateurs phares, comme Kojima ou Ueda. Qu’en est-il des créatrices ?
Certes, les femmes sont aujourd’hui sous représentées côté développement, avec moins de 15% de femmes dans les effectifs, et encore moins à des postes comme le design ou la programmation. Mais il y a déjà aujourd’hui en France des femmes qui participent à la création des jeux vidéo à des postes clefs, par exemple Sandra Duval (Arkane), Gabrielle Shrager (Ubisoft), Céline Tellier (Wild Sheep) ou encore Corinne Billon (Amplitude) et beaucoup d’autres. Elles ne sont pas toujours médiatisées, et nous avons aussi créé cette association pour encourager toutes les femmes de l’industrie à prendre la parole plus souvent pour changer l’image du secteur et inspirer de jeunes femmes à leur tour. Et il y aura un jour une superstar parmi elles, c’est une question de temps.