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Cet article synthétise les questions & réponses posées lors du Q&A du 26 novembre dernier organisé sur le serveur Discord de Women in Games France.

Merci à nos intervenantes Mylène Lourdel (freelance en communication & marketing pour les studios de jeux vidéo indépendants), Gwendolyn « Noumenie » Garan (Societal Project Manager & Game UR Consultant) et Armelle Dupuy Denus (Recruteuse pour Ubisoft au sein de la division mobile ainsi qu’au sein d’un studio parisien, et pour les fonctions sièges d’Ubisoft) ainsi qu’à notre membre projet Mélanie Le Borgne pour la modération et à nos participant·e·s pour leur participation.

Sommaire

 

-> Pour Armelle : “Est-il possible de connaître ton parcours académique étant donné que tu n’as pas fait d’études axées sur le jeu vidéo ?”

Armelle a effectué un parcours classique : prépa, école de commerce, stages en Ressources Humaines.

Puis, elle a travaillé dans un cabinet de conseil en système d’informations – loin du jeu vidéo, donc –  avant de développer son expérience dans le domaine du digital.

Pré-requis pour entrer au sein d’un gros studio comme Ubisoft, pour son métier : s’y connaître en jeux vidéo mais surtout avoir une expérience de recrutement, pas nécessairement dans l’industrie.

 

-> Pour Noumenie : “Est-ce que le RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) est un domaine qui recrute dans le JV ?”

Surtout dans les grandes entreprises, oui, parce qu’elles sont les premières à être jugées sur les réseaux et par la presse de par leur grande visibilité.

 

-> Pour Mylène : “En quoi consiste ton métier ? Quel est ton “everyday” dans la communication et le marketing ?”

Aujourd’hui, elle travaille avec des studios de jeux vidéo indépendants pour la presse et pour le marketing global (événementiel, négociation des mises en avant, relations presse, etc.).

L’everyday change en fonction de la taille du studio et de la production. Lorsqu’elle travaillait pour Ankama en tant que Brand Manager, elle créait des promotions, analysait les statistiques, repérait les offres commerciales et était en relation avec l’équipe de communication pour les événements, les plans de comm, etc.

Les grosses entreprises préfèrent recruter des personnes qui sont spécialisées dans un seul domaine tandis que les petites entreprises permettent d’être beaucoup plus polyvalent·e·s.

-> “Je suis freelance en graphisme et UI, est-ce plus compliqué de trouver des emplois en freelance qu’en CDI ou CDD  et est-ce que ce statut est un frein pour les recruteurs/recruteuses ? Est-il nécessaire d’avoir eu un parcours étudiant orienté sur le JV pour postuler dans ce domaine ?”

Armelle : Cela dépend de l’entité. Pour les fonctions siège, Ubisoft préfère le recrutement de CDD & CDI parce que l’organisation ne se fait pas en mode projet. Pour les productions, il peut y avoir besoin de renfort et de freelances pour épauler le staff. 

L’orga avec un·e freelance est plus compliquée, car il faut passer par davantage de check légaux. Mais l’avantage, c’est qu’une relation de confiance s’installe avec ces freelances et que leur travail est généralement très qualitatif.

Cela dépend donc des métiers et des besoins de l’entreprise.

Mylène : C’est un mauvais choix que de devenir freelance si c’est parce qu’on ne trouve pas de CDD ou de CDI. Il faut en premier lieu se demander si on souhaite avoir un emploi stable ou si on souhaite devenir indépendant·e (ne pas oublier qu’il y a des contraintes : pas de chômage, pas de stabilité à long terme dans la majorité des cas).

Noumenie : Concernant l’UX, c’est un métier émergeant donc la plupart des studios sont méconnaissants sur le sujet, surtout les moyens et petits. Les places sont rares, tout comme celles des métiers spécialisés comme Narrative Designer. Le plus simple reste de s’orienter vers du conseil.

Il est important de connaître les limites de son domaine d’expertise et de ce que peut proposer le marché en termes d’emplois.

-> “Je suis en reprise d’étude en UX Design avec un axe design product/marketing, est-ce possible de bifurquer dans le jeu vidéo suite à ma formation ? Je n’ai pas décroché d’alternance dans ce domaine.”

Noumenie : Si tu as envie de te lancer là-dedans, tente. Il n’y a pas beaucoup de ressources en ligne sur la façon d’adapter l’UX au jeu vidéo, il te faudra donc une bonne connaissance du domaine (psychologie cognitive, ergonomie, IHM) et trouver quelles sont les ouvertures par rapport au domaine d’expertise. Chacun·e apporte une expérience qui lui est spécifique, c’est ce qui est intéressant. Moi par exemple, c’est la neurodiversité et les troubles cognitifs.

 

-> “Est-ce que certaines d’entre vous ont eu à réaliser des alternances dans le secteur du JV ? Si oui, comment avez-vous décroché votre contrat ?”

Armelle : Je n’en ai pas eu, mais je conseille d’aller aux événements – lorsque ce sera possible – pour gagner en visibilité & en information, et commencer à se faire des contacts.

La lettre de motivation est importante : il faut montrer pourquoi on se positionne sur ce poste particulièrement.

Mylène : Dans le jeu vidéo, ce qui est important c’est le réseau. Toutes les régions ont leur association régionale, je vous conseille de la rejoindre et d’y être active.

Noumenie : Je n’en ai pas fait, ni de stage d’ailleurs. Par exemple, puisque j’avais déjà de l’expérience côté pro, on m’a directement proposé un job en tant qu’assistante de recherche au Canada au lieu d’un stage en recherche.

 

-> Pour Armelle : “En tant que recruteuse chez Ubisoft, quel est ton avis sur les personnes qui postulent à plusieurs postes en même temps ?”

Armelle : Ce n’est pas un souci. Ce qui dérange, c’est les candidatures sur des postes ou des grades qui n’ont rien à voir, par exemple avec des niveaux d’expérience différents, sans aucune explication dans la lettre de motivation : c’est décrédibilisant.

 

-> “Que pensez-vous des candidatures spontanées ?”

Armelle : C’est bien d’envoyer des candidatures spontanées aux petites structures. Dans les grosses structures comme Ubisoft, vous pouvez passer par des réseaux comme LinkedIn mais nous sommes sollicité·e·s de partout. Le réseau est aussi une bonne façon de trouver du travail.

Mylène : Les petites structures n’ont pas de personnes spécialisées en Relations Humaines, mais s’il y a besoin d’un professionnel à un moment donné, iels pourront se rappeler d’une candidature reçue il y a quelque temps. Envoyer un mail, ça ne peut qu’être gagnant.

 

-> “Est-il possible d’intégrer l’industrie du JV sans avoir fait d’études axées JV ou c’est très difficile ?”

Mylène : En Marketing, je privilégie personnellement les personnes qui n’ont pas fait d’écoles spé JV parce que ces personnes sont plus ouvertes d’esprit sur le sujet. En tant que stagiaire ou alternant·e, on doit apporter autre chose que des connaissances techniques – puisque celles-ci sont censées nous être apportées durant la formation – et se poser la question : qu’est-ce qui rend mon profil différent de celui des autres ?

Noumenie : Connaître le milieu et le(s) métier(s) visé(s) est important : il faut comprendre comment fonctionne le JV en interne, ne pas strictement chercher à appliquer les lois d’autres marchés car ça ne marcherait pas sans adaptation même si ça peut paraître évident. 

Armelle : Quand le métier est spécialisé dans le JV, c’est différent. Mais il ne faut pas arriver en vantant uniquement ce que l’on a fait dans une précédente expérience professionnelle, l’état d’esprit joue beaucoup.

 

-> “Comment percevez-vous les personnes qui vous ajoutent sur LinkedIn ? Est-ce embêtant pour vous ? Acceptez-vous facilement ? Doit-on vous expliquer pourquoi on vous ajoute ? Peut-on vous envoyer des demandes de stages/emplois ?”

Mylène : J’accepte tout le monde sur LinkedIn sauf les profils bizarres ou qui n’ont rien à voir avec le JV. 

Noumenie : Je suis plus réservée sur ce sujet, c’est comme si on toquait à ma porte sans s’être annoncé·e. Je préfère un message qui demande si c’est ok de parler de tel sujet et se demander si l’échange aura un minimum d’intérêt pour la personne comme moi même.

Armelle : À Ubisoft, on est constamment sollicités sur LinkedIn et chacun·e gère ça à sa façon. J’ai tendance à accepter parce que les gens sont limités en caractère, mais nous n’avons pas toujours la bande passante pour tout traiter. Il faut que la personne se démarque. Sinon, ça n’outrepasse pas le process de recrutement non.

 

-> “Depuis plus d’un an, je cherche à rejoindre le secteur du JV en tant que Chargée de projet événementiel de formation et j’ai l’impression que les seules offres sur lesquelles je peux me positionner sont soit pour des stages/alternances, soit pour des personnes expérimentées. Comment intégrer l’industrie en tant que Junior ?”

Armelle : En général, nous n’avons pas le temps de former ou de suivre les Junior, voire peut-être pour se former sur des métiers annexes & connexes (Associate Producer au lieu de Producer par exemple).

Noumenie : On néglige trop l’expérience non professionnelle. Le bénévolat par exemple est très important : on y apprend des choses, on est confronté à des problématiques, on découvre des méthodes et outils, on travaille en collectif, etc. Il faut se défendre, expliquer, montrer que tu sais utiliser toutes tes expériences dans le poste que tu vises.

Mylène : Dans l’association – Women in Games France – nous avons plusieurs cas de bénévoles qui ont réussi à intégrer le milieu du jeu vidéo de cette façon. Le bénévolat apporte de l’expérience et du réseau.

 

-> “Est-ce que le portfolio est indispensable pour des métiers de type Design ou Graphisme ?”

Mylène : Les porfolio sont complètement indispensables pour les métiers visuels. Pour le marketing et la comm c’est rare, mais je porte toujours une attention particulière sur les candidat·e·s qui en ont un.

Armelle : Le mieux quand on postule à ce type de poste c’est en effet d’avoir un portfolio mais surtout qu’il soit bien construit. Puisqu’il s’agit de métiers visuels, le recruteur et surtout le hiring manager va vouloir voir ce que tu as fait avant et discuter de la façon dont tu t’y es pris.

 

-> “Certaines formations ne sont pas reconnues par l’état ou ne donnent ni diplômes ni certifications, est-ce que ça peut poser problème au niveau du recrutement ?”

Noumenie : Les diplômes ne font pas tout. Dans le cas de professions orientées art, on check le portfolio. Plus il y aura des choses intéressantes à montrer et d’expériences variées en lien ou non avec ton domaine, plus on s’y intéressera. Les études sont à considérer comme une première formation et un lieu de rencontres professionnelles avant tout, pas comme une fin en soi.