Depuis sa création en 2017, Women in Games France propose régulièrement de nouvelles actions, élargit son réseau de partenaires et rémunère des prestataires de service pour assurer un suivi continu sur ses différents projets. 

Cette année, l’association passe un cap et recrute Marie-Lou Dulac en tant que chargée de projets et de coordination grâce au soutien financier de nos entreprises partenaires ! 🎉

Forte d’une carrière axée sur la Diversité et l’Inclusion dans notre industrie et elle même créatrice d’un jeu mobile en cours de développement, Marie-Lou nous parle dans cette interview écrite de son parcours, de son rapport au jeu vidéo, de ses motivations et de ses objectifs dans le cadre de son nouveau rôle.

WIG : Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours dans l’industrie du jeu vidéo ?

Marie-Lou : J’ai 31 ans, je suis dans l’industrie depuis 5 ans. J’ai commencé en tant que cheffe de projet éditorial chez Ubisoft que j’ai rejoint en 2017. Ensuite, mon rôle a évolué progressivement vers une fonction de cheffe de projet Diversité et Inclusion, toujours dans le département Éditorial, jusqu’en 2021. Depuis, je travaille à la création de mon propre jeu, un visual novel sur mobile qui s’appelle Kosma’s Chronicles et que j’édite avec Pocket Story. »

WIG : Est-ce que tu veux nous parler de Kosma’s Chronicles ?

Marie-Lou : « Il se base sur l’univers d’un roman fantasy steampunk que j’ai écrit. Il sort à l’automne. Je suis à la direction créative, donc je m’occupe essentiellement de l’écriture du scénario et de la direction artistique. »

WIG : Quel est ton rapport au jeu vidéo de façon plus générale ?

Marie-Lou : « J’ai toujours joué ! Mon père m’a initiée et j’ai fini mon premier jeu à 5 ans sur Sega Saturn : Keio 2 Flying Squadron. C’est un hobby qui a pris beaucoup d’importance, notamment à l’adolescence. Et pourtant je n’avais jamais envisagé d’y faire carrière. C’est à la fin de mes études que j’ai renoué avec cette envie, et j’ai réussi à avoir un poste chez Ubisoft, ce qui m’a permis de basculer dans la partie professionnelle du jeu vidéo. »

WIG : Est-ce que tu as une ou des héroïne(s) préféré(e)s ?

Marie-Lou : « C’est très bateau mais mon héroïne d’enfance, c’est Lara Croft. Même si c’est un personnage qui a beaucoup de défauts, elle a le mérite à l’époque d’être remarquable dans le paysage vu que c’était le personnage principal d’un jeu. Et puis elle était quand même super forte et super badass, donc je m’identifiais à elle. Elle était archéologue et ça m’a donné très longtemps envie de l’être aussi.

Sinon, j’aime bien Aloy ! C’est un personnage qui ne tombe pas dans un cliché. J’aime aussi Jade de Beyond Good and Evil, c’était vraiment précurseur à l’époque parce qu’elle n’est pas sexualisée, c’est une femme racisée et elle ne se bat pas avec des armes à feu. Il y a tout un tas de valeurs qui sont véhiculées par ce jeu, que j’apprécie. »

WIG : Est-ce qu’il y a une ou plusieurs rôles modèles qui t’ont inspirées ?

Marie-Lou : « Quand je suis entrée dans l’industrie, il y a une personne qui m’a beaucoup inspiré en tant que femme : Mélissa Canseliet, experte en neurosciences et en UX. J’ai toujours été admirative de son travail et de sa capacité à faire reconnaître son expertise.

Sinon, j’admire toutes les femmes qui entreprennent dans le jeu vidéo et qui montent des studios. Je trouve ça très inspirant, car c’est une manière de faire valoir sa vision personnelle. C’est prendre le taureau par les cornes et apporter sa vision du monde. Toutes les créatrices et entrepreneures m’inspirent beaucoup, notamment Audrey Leprince ou encore les femmes qui ont créé Accidental Queens. Je suis leur travail avec attention. »

🔗 Pour en savoir plus sur Accidental Queens, visionnez notre émission Press Start avec Diane Landais, co-fondatrice du studio.

WIG : Quel est ton lien avec Women in Games France ?

Marie-Lou : « Je fais partie de la liste d’expertes de l’annuaire de l’association depuis deux/trois ans, et j’ai suivi la création et le développement de l’association depuis ses débuts (2017).

Je pense que Women in Games France joue un rôle crucial et essentiel. Apporter des rôles modèles aux jeunes filles est important, il y a des processus d’identification qui entrent en jeu et qui leur permettent de se projeter dans l’industrie. Sensibiliser les différents acteurs est un autre axe qui est le nerf de la guerre. Si on invite des jeunes femmes à entrer dans l’industrie mais que les acteurs ne sont pas sensibilisés, elles ne resteront pas. 

Tout ce travail de longue haleine est holistique, autant au niveau des individus que des entreprises, ce qui est essentiel. »

WIG : On remarque une forte implication dans les domaines de la diversité et de l’inclusion dans ton parcours. Est-ce que tu as envie d’en parler ?

Marie-Lou : « J’ai toujours été sensible aux questions d’équité et de justice sociale. Ça fait vraiment partie de mon parcours et de ce que je suis.

Je suis entrée chez Ubisoft au moment où il y a eu la vague #MeToo, ce qui m’a vraiment fait prendre conscience des discriminations sexistes et des questions de harcèlement. À l’époque, chez Ubi, le sujet n’était pas inexistant mais très timoré. On en parlait, il y a des personnes qui travaillaient dessus, mais ce n’était pas aussi institutionnalisé que maintenant. Je trouvais qu’il y avait un vide à combler et c’était un sujet qui m’intéressait à titre personnel, et qui s’est progressivement transformé en expertise et en un rôle défini et validé par l’organisation.

Mon expertise concernait plus spécifiquement le contenu des jeux. Vu que j’étais dans le département éditorial, j’avais une vue détaillée sur tous les projets qui étaient en train d’être développés. Du coup je me suis positionnée comme une sorte de consultante interne sur les questions de contenu, en terme de représentation mais pas que, pour pouvoir aider les équipes de développement à rendre leurs jeux plus inclusifs. »

WIG : Quel est ton ressenti sur le fait d’être chargée de projets et de coordination au sein de l’association ? Est-ce que tu as un ou des objectif(s) que tu aimerais accomplir grâce à ce rôle ?

Marie-Lou : « Je suis déjà très honorée d’avoir été choisie car je ne doute pas qu’il y avait de très bonnes candidatures. Je suis ravie qu’on m’ait accordé cette confiance.

J’ai à cœur de poursuivre le travail de sensibilisation de l’association auprès des acteurs de l’industrie, de donner encore plus de visibilité aux femmes et personnes non-binaires du jeu vidéo et de soutenir les bénévoles qui portent les projets développés par WIG. “

WIG : Est-ce que tu as un mot de fin ?

Marie-Lou : « J’ai hâte de rencontrer toutes les personnes qui sont dans l’écosystème de Women in Games France et de pouvoir tisser de nouveaux liens.”

👉 Retrouvez Marie-Lou Dulac sur Twitter, et suivez l’évolution de Kosma’s Chronicles !