Découvrez les définitions de termes féministes tels que « patriarcat », « oppression » ou « privilège », et des ressources sur le sujet !
Cet article le premier, sur sept, que nous publions aujourd’hui, appartient à la rubrique « Introduction au féminisme » et est une terminologie féministe. Il inaugure la mise à disposition en français sur le site de Women in Games France des textes d’Anita Sarkeesian publiés sur la page Ressources du site Feminist Frequency.
La traduction a été effectuée par Women in Games France, et nous y avons ajouté des ressources en français.
Remarque : cette partie est divisée en plusieurs articles, dont vous retrouverez la liste, avec celle des autres articles, en bas de cette page.
Lien vers l’original : Féminisme 101
Comme son nom l’indique, Feminist Frequency (« Fréquence Féministe ») est un collectif qui analyse la culture populaire sous un angle féministe. Cependant, le terme « féminisme » peut prêter à confusion : sa définition est tributaire de multiples points de vue, et sa signification sujette à nombre d’idées reçues (et souvent fausses).
En guise d’introduction au féminisme, nous avons préparé une liste de définitions et de ressources destinées à celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur le sujet. Nous ne prétendons pas représenter ici les convictions de toutes celles et ceux qui s’identifient comme féministes ; ce n’est d’ailleurs pas notre but. Nous pensons également que puisque le féminisme, c’est apprendre et progresser, les ressources sur le féminisme doivent permettre et encourager un tel progrès. Nous espérons donc que les pages qui suivent contribueront à former pour nos lecteurs et lectrices une base solide à partir de laquelle les discussions pourront avancer.
Terminologie féministe
Lien vers l’original : Feminist Terminology
La signification du vocabulaire utilisé dans les discussions féministes n’est pas toujours évidente. Commençons donc par quelques définitions.
Note : toutes les ressources externes en français sont des ajouts de la traductrice.
Féminisme
Mouvement sociopolitique dont l’objectif principal est de mettre fin au sexisme et d’éliminer les oppressions fondées sur le genre.
« Pour faire simple, le féminisme est un mouvement destiné à mettre fin au sexisme, à l’exploitation et à l’oppression sexistes. C’est la définition du féminisme que j’ai proposée il y a plus de 10 ans dans Feminist Theory : From Margin to Center (De la marge au centre. Théorie féministe). J’espérais à l’époque qu’elle deviendrait une définition commune, utilisée par tous. J’aimais cette définition parce qu’elle n’insinue pas que les les hommes eux-mêmes sont l’ennemi. Centrer le discours sur le sexisme nous permet d’aller directement au cœur du sujet. Dans les faits, cette définition implique que le problème, ce sont toutes les pensées et actions sexistes, que ceux qui en sont la source soient des femmes ou des hommes, des enfants ou des adultes. Elle est également suffisamment large pour inclure la notion de sexisme systémique institutionnalisé. C’est une définition ouverte. Pour comprendre le féminisme, il faut impérativement comprendre le sexisme. » – bell hooks, Feminism is for Everybody
« L’essence de notre politique est l’engagement à mettre fin à toute forme de domination. » – bell hooks, Feminism is for Everybody
Voici un article qui brise quelques mythes sur le féminisme. En anglais.
Alternatives en français sur le même sujet : ici et ici.
Patriarcat
Système de société dans lequel le pouvoir est exclusivement aux mains des hommes.
« Le patriarcat est un système social et politique qui affirme que les hommes sont intrinsèquement supérieurs à toutes celles et ceux qui sont perçus comme faibles, en particulier les femmes, et ont donc légitimement le droit de dominer et de régner sur les faibles et de maintenir cette domination par diverses formes de violence et de terrorisme psychologique. » – bell hooks, The Will to Change
« Comme tous les systèmes sociaux, le patriarcat est difficile à changer parce qu’il est complexe et que ses racines sont profondes. Il est comme un arbre enraciné dans les principes de contrôle, de domination et d’identité masculines et de polarisation sur le masculin. Son tronc est constitué de l’ensemble des modèles institutionnels de notre vie sociale, nés de ces racines – famille, économie, politique, religion, éducation, musique et arts. Les branches – des plus grosses aux plus petites – sont les communautés, les organisations, les groupes et autres systèmes dans lesquels nous vivons, des villes aux entreprises, paroisses, couples et familles. Les individus sont quant à eux les feuilles qui rendent à la fois possible la survie de l’arbre et en tirent leur vie et leur forme. » – Allan G. Johnson, The Gender Knot
Comprendre le patriarcat, par bell hooks. En anglais.
Traduction en français disponible ici.
Oppression
Situation où des individus sont soumis à une domination, un contrôle ou un traitement injuste, ou sont victimes d’un exercice cruel du pouvoir.
« L’oppression (ou la discrimination) institutionnelle est la maltraitance systématique d’individus appartenant à un groupe socialement identifié, soutenue et mise en œuvre par la société et ses institutions sur la seule base de cette appartenance. L’oppression institutionnelle se manifeste lorsque les lois, coutumes et pratiques d’une société reflètent et produisent systématiquement des inégalités fondées sur l’appartenance à ces groupes. Si ces lois, coutumes ou pratiques institutionnelles ont des conséquences oppressives, l’institution est oppressive, que les personnes qui les maintiennent en place aient ou non des intentions oppressives. L’oppression institutionnelle crée un système de barrières invisibles qui restreignent les personnes en raison de leur appartenance à ces groupes défavorisés. Les barrières ne sont invisibles que pour ceux qu’elles n’affectent (en apparence) pas. L’oppression institutionnalisée est fondée sur la conviction que la supériorité ou l’infériorité d’un individu est inhérente et naturelle. Peu importe l’intention, seules les conséquences concrètes qui découlent de l’oppression institutionnalisée comptent. » – Tools for Diversity, Institutional Oppression
Cet article explique pourquoi il est important de mieux comprendre l’oppression systémique institutionnelle. En anglais.
Une alternative francophone qui définit entre autres la notion de discrimination systémique.
Privilège
Tout avantage immérité, exclusif, conféré socialement.
« La notion de privilège renvoie à tout avantage non mérité et exclusif conféré par la société. On présume par exemple en général que les personnes blanches sont par défaut respectueuses des lois jusqu’à ce que des signes montrent qu’elles ne le sont pas, alors qu’à l’inverse les personnes de couleur sont couramment considérées comme des criminels, en acte ou en puissance, jusqu’à ce que des signes montrent qu’elles ne le sont pas. […] Il est important de souligner qu’être privilégié ne garantit pas de meilleures conditions de vie pour tous les membres du groupe concerné, ou de pires pour les autres. Une personne blanche, par exemple, peut travailler dur pour pas grand-chose, être maltraitée par la police sans raison valable, ou se voir refuser un emploi pour lequel elle est qualifiée. Ce que fait le privilège, c’est augmenter les chances de recevoir un meilleur traitement, de sorte que le risque que des choses négatives arrivent aux Blancs en tant que catégorie de personnes est beaucoup plus faible que pour le reste de la population, et que les chances que des choses positives leur arrivent sont aussi plus élevées. Le privilège n’est pas quelque chose qu’une personne peut posséder ou réclamer comme un dû. Il s’agit plutôt d’une caractéristique du système social – comme une règle d’un jeu – auquel tout le monde participe. » – Allan G. Johnson, Privilege, Power, and Difference
White Privilege par Peggy McIntosh. En anglais.
Un comic strip pour apprendre à « gérer ses privilèges ». En anglais.
Alternatives francophones :
Une traduction et discussion du texte de Peggy McIntosh, Privilège blanc : déballer le havresac invisible
Un entretien croisé sur le racisme structurel et le privilège blanc en France
Un comic strip sur le sujet du privilège racial
Intersectionnalité
Théorie ou conviction que les identités sociales s’entrecroisent, de même que les privilèges et les oppressions qui leur sont associés. En prenant conscience des catégories d’identité telles que la race, le sexe, le genre, la classe économique, le statut social, les aptitudes physiques ou mentales, la religion, l’éducation, l’âge, etc., nous approfondissons notre compréhension de la manière dont nous sommes affectés par des structures de domination.
« Quand nous ne sommes pas attentifs aux marges, quand nous ne tenons pas compte des intersections, là où les espaces de pouvoir s’entrecroisent, non seulement nous ne voyons pas les femmes qui échappent à nos mouvements, mais nous dressons aussi nos mouvements les uns contre les autres. » – Kimberlé Crenshaw
Plus d’informations sur le féminisme intersectionnel ici. En anglais.
Alternatives francophones :
Un article sur le féminisme intersectionnel
Un article traitant de la réticence à parler d’intersectionnalité en France
Approfondir le vocabulaire
Cette liste n’est ni exclusive ni exhaustive ; chacun de ces termes recouvre souvent des sous-ensembles de concepts liés à la culture féministe. Voici d’autres ressources qui peuvent aider à définir le vocabulaire féministe :
Petit guide du langage féministe contemporain. En anglais.
Introduction au féminisme : crash course de vocabulaire. En anglais.
Alternatives francophones :
Un petit lexique féministe de termes, expliqués sans formalisme.
Un lexique queer féministe et militant, plus complet.
Retrouvez les autres articles de la série Feminist Frequency
Introduction au féminisme – Histoire de l’activisme féministe
Introduction au féminisme – Le Féminisme en pratique
Introduction au féminisme – Le féminisme sur le lieu de travail
Guide : conseils pratiques pour militer
Glossaire
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